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Saint-Jean-de-Luz est bientôt vu : nous visitâmes d’abord l’église où fut célébré, le 9 juin 1660, le mariage de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse. En signe de respect pour le souverain on mura la porte de l’église par laquelle il avait passé. Nous entrâmes par une porte latérale et nous repeuplâmes en pensée l’église déserte de toute la suite fastueuse de Louis XIV ; dans la nef et dans les trois rangs de galeries en bois qui l’entourent se pressaient ce jour-là des sièges fleurdelisés ; les lourdes colonnes dorées du maître-autel resplendissaient sous la lumière des cierges ; au-dessus du portail les orgues jouaient des airs solennels, et de beaux tableaux de sainteté, dont quelques-uns sont restés, décoraient le fond des ogives. Il faut lire dans madame de Motteville la cérémonie du mariage qui fut célébré par l’évêque de Bayonne. En parcourant l’église, veuve de cette pompe royale, je m’arrêtai devant la chapelle de la Vierge, qui me parut fort bizarre. Au pied d’un grand christ sculpté en bois, et saignant de toutes ses plaies sur la croix, un mannequin de la Vierge, vêtu d’une robe de serge noire, est agenouillé ; le visage est incliné aux pieds du Sauveur ; la Vierge pleure et essuie ses yeux avec un mouchoir blanc garni de dentelles. Ce groupe étrange s’élève au-dessus d’un autel.