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En sortant de l’église nous allâmes voir la maison qu’habita Louis XIV ; elle est baignée par la Nivelle, petit fleuve qui sépare Saint-Jean-de-Luz du bourg de Liboure. Cette maison est encore décorée de quelques statuts sans caractères. Plus loin est la maison où logea l’infante ; elle est toute revêtue de briques rouges comme le château de Saint-Germain. Au dessus de la porte, sur une plaque de marbre noir, est gravé ce distique :

              L’infante je reçus l’an mil huit cent soixante,
              On m’appelle depuis le château de l’infante.

Nous visitâmes ensuite le môle formidable qui emprisonne la mer ; nous parvînmes au-dessus par un escalier droit comme une échelle, et de là nous dominâmes l’immensité des vagues ; pas un navire, pas une grande barque n’était à l’ancre dans le port de Saint-Jean-de-Luz. Qu’étaient devenus les hardis pêcheurs de baleines d’autrefois et les aventureux capitaines basques qui les premiers abordèrent l’Islande, le Spitzberg et les bancs de Terre-Neuve ? Où donc retrouver ces redoutables corsaires qui durant nos guerres contre l’Espagne couraient sus aux galions des Indes et venaient enrichir de leurs pillages leurs familles et leur pays ! La prospérité des villes meurt, renaît ou plutôt se transforme. Rien ne périt dans une nation civilisée et prospère.