Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 259 —

chi, nous voilà sur la rive espagnole. Nous y trouvons amarrées plusieurs barques que conduisent des bateliers des deux nations ; nous montons dans une de ces barques. Nos rameurs français ont grand peine à la faire approcher du rivage, tant les eaux sont basses ; enfin nous nous asseyons sur le banc d’arrière et nous commençons à descendre le fleuve. Sur la rive espagnole s’élèvent des collines aux plans gradués toutes couvertes de verdure et où se détachent, çà et là, quelques beaux châteaux à tourelles blanches. Du côté de la France, les regards s’étendent moins loin bornés par des tertres plus arides.

À peine embarqués sur la Bidassoa ; nous cherchions du regard la fameuse île des Faisans ; tous les souvenirs historiques et toutes les descriptions des écrivains du temps nous assaillent à la fois ! — C’est d’abord la grande Mademoiselle racontant dans ses Mémoires que, pour entrevue de Louis XIV ; d’Anne d’Autriche et de Philippe IV, on éleva dans cette île un somptueux pavillon auquel aboutissaient deux ponts, l’un partant du rivage français, l’autre du rivage espagnol. Le sol était couvert de splendide tapis, tapis de Perse, tapis de velours ; le pavillon se composait de plusieurs chambres, de cabinets, d’un vestibule, d’une salle de gardes. La salle de l’entrevue était grande et située à l’autre bout de l’île, les