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Au delà d’Urtubi, nous traversons quelques champs de maïs, quelques prairies, des coteaux et des rochers arides ; mais bientôt nous arrivons au sommet d’un vaste plateau, nommé la Croix des Bouquets, d’où nous découvrons un paysage magnifique ; la mer est à notre droite, des côtés bordées de montagnes lumineuses s’y avancent en pointe. Devant nous la route serpent et descend jusqu’à la Bidassoa. À cette heure de basse marée, les eaux du fleuve sont planes et tranquilles ; ses bords sont riants. Sur la rive droite (la rive française), est te village de Béhobie, dernier poste français ; sur la gauche, un peu plus bas, est Irun, la première petite ville des côtes d’Espagne. Arrivée à Béhobie, notre voiture s’arrête à l’entrée du pont ; un commissaire de police français vient nous demander nos passeports et nous prie de participer à la souscription ouverte pout la construction d’une église. Quoique appartenant au culte grec, la princesse Vogoridès remet au commissaire une large offrande ; elle me dit, en fixant sur moi son beau regard si profond et si vif : « La prière monte toujours à Dieu dans toutes les langues et toutes les religions. »

Nous traversons le port, et arrivés au milieu nous rencontrons un poste de soldats espagnols qui marque le point des deux frontières. Le pont fran-