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plusieurs boutiques, malgré les odeurs repoussantes qui s’en exhalaient ; je ne trouvai à acheter que quelques éventails en papier blanc avec de bizarres enluminures ; pas un peigne d’écaille, pas une étoffe curieuse.

Vers le milieu de la rue, j’aperçus à droite sur un balcon à colonnettes de bois recouvert d’une tente de coutil rouge et blanc, une assez belle Espagnole qui nous regardait avec ses grands yeux noirs étonnés ; ses cheveux, séparés en deux, retombaient en longues tresses sur son dos. Nous continuâmes à monter la rue sombre et fraîche et vîmes à gauche la grande maison aux fenêtres sans vitres et aux murs échancrés par les bombes qu’habitaient les anciens gouverneurs de Fontarabie. Un écusson héraldique couronnait encore la porte basse et cintrée ; tournant à droite, nous nous trouvâmes en face de la cathédrale ; elle a été préservée durant l’attaque de Fontarabie ou restaurée après. Nous franchîmes un portail gothique bien conservé, et nous fûmes comme éblouies dans l’intérieur de la nef par cette profusion d’ornementations et de dorures qui caractérisent les églises espagnoles et italiennes. Partout des christs, des vierges, des saints et des saintes en relief couronnant les autels des chapelles latérales, et dans les interstices les