Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 34 —

Nérine, dont la droiture était extrême, ne croyait jamais à la duplicité et à l’hypocrisie.

Aux paroles de mon amie, l’écolier répondait très-nettement :

— Je ne vous ai pas caché, madame, que je détestais ma cousine, qui s’est toujours moquée de moi et m’a de tout temps méchamment molesté parce que je suis laid et disgracieux ; et quant à vous, madame, vous êtes bien bonne de la défendre, car elle ne vous ménage pas.

— Et que m’importe ? répliquait Nérine en haussant les épaules ; que sait-elle de mon caractère et de ma vie ?

— Mais elle invente, reprenait l’écolier ; votre esprit, votre indépendance de caractère et la solitude même où vous vivez, tout lui est motif à calomnies ; enfin elle vous trouve impie, parce que vous n’allez pas à l’église aussi souvent qu’elle.

— Regardez les fleurs que je viens d’ombrer, repartait Nérine, et dites-moi s’il n’y a pas plus de charme dans l’ondulation de leurs tiges que dans tout ce que vous venez de me conter là ! Plus un mot sur ce sujet, ou je vous ferme ma porte.

L’écolier s’excusait et regardait Nérine avec des yeux suppliants ; cette femme distinguée exerçait sur lui une invincible attraction et une sorte d’autorité.