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L’Italien, qui ne riait jamais, écouta le récit de Nérine avec un sourire approbateur ; ce fut une irritation et aussi une contrainte de plus pour Aglaé qui dut étouffer sa rage et attendre dans ce supplice la fin du dîner. Enfin elle put se lever et entraîna sur ses pas son mari et les époux Routier ; l’écolier résista à l’ordre qu’elle lui donna de la suivre, elle se tourna vers l’Italien et dardant sur lui ses plus perçants regards :

— Le temps est radieux, lui dit-elle, ne venez-vous pas à la promenade ?

— Non, madame, répondit-il, je crains l’humidité du soir.

Et il s’étendit à demi sur un des canapés du salon tandis que nous prenions le café. Aglaé sortit avec un geste d’Hermione : au lieu de se rendre à la promenade, elle monta dans sa chambre, puis nous la vîmes aller et venir dans la galerie de bois. L’écolier nous dit :

— Ma cousine est furieuse, et j’aurai le contrecoup de sa méchanceté refoulée ; elle s’est débarrassée de son mari et des Routier pour rester seule ; que médite-t-elle ?

Et se penchant ensuite vers l’Italien, il ajouta à demi-voix :

— Prenez garde à vous !