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sur elle l’indigne soupçon qu’elle a voulu surprendre votre cousine.

— Oh ! soyez tranquille, balbutia le pauvre Adolphe d’un air soumis, je ne m’exposerai point à un reproche de votre amie.

— C’est bien, lui dis-je, et je me hâtai de le quitter et de rejoindre Nérine et l’actrice, qui m’attendaient impatientes, au-dessus de la source.

Je leur racontai ce que j’avais vu. L’actrice se mit à rire d’une façon moqueuse et narquoise en répétant :

— Voilà bien ces femmes du monde, dédaigneuses et prudes !

Nérine me dit :

— Je regrette amèrement d’avoir fait ici une promenade. Quoique la petite marquise me soit antipathique, je la plains, car peut-être est-elle entraînée par l’amour. Nous avons surpris son secret ; promettons-nous loyalement qu’il restera enseveli dans cette solitude.

— Vous comptez sans l’écolier, reprit l’actrice en riant ; c’est un singe méchant qui prendra plaisir à ébruiter l’aventure.

— Tant pis pour lui, ajouta Nérine ; mais pour nous, nous n’en parlerons pas, c’est bien convenu.

Nous nous engageâmes toutes les trois au silence