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nous la franchîmes sans nous parler et nous arrivâmes aux Eaux-Bonnes vers l’heure du dîner. L’actrice nous quitta et nous eûmes à peine le temps, Nérine et moi, de changer de robes ; le second coup de cloche nous avertit qu’on se mettait à table.

Cette cloche nous fit tressaillir ; pour la première fois depuis notre arrivée aux eaux ; il nous semblait que quelque scène saisissante nous attendait à ce dîner habituellement ennuyeux. Dès notre premier regard en entrant dans la salle à manger, nous comprîmes que notre attente serait déçue : l’acteur principal manquait au drame espéré, la place du bel Italien était vide.

En revanche, le marquis Sigismond était revenu de la chasse, il avait l’air victorieux ; le fabricant de Mulhouse le complimentait sur ses prouesses.

— Quoi ! monsieur le marquis, s’écriait-il, un lièvre, trois perdreaux et six cailles ! c’est superbe !

— J’espère bien que vous allez y goûter, monsieur, répliqua le marquis Sigismond.

Le sieur Routier s’inclina obséquieusement.

— Mais, ma chère, où est donc votre noble voisin de gauche, reprit le marquis Sigismond en s’adressant à sa femme, qui rougit imperceptiblement, j’aurais voulu que lui aussi fît honneur à ma chasse.

— C’est à notre cousin qu’il faut en demander des