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que la main affaiblie du cavalier n’aurait pu conduire.

— C’est un bon garçon ! dit Nérine.

— C’est un malicieux garnement qui poursuit ses investigations ! répliquai-je.

— C’est l’amalgame du bien et du mal, comme dans tous les êtres, ajouta l’actrice.

Le cheval qui emportait l’Italien et l’écolier disparut bientôt dans le défilé des Eaux-Chaudes qui conduit aux Eaux-Bonnes. Nous parcourûmes le premier carrefour du bois de sapins ; Nérine cueillit çà et là quelques belles fleurs sauvages qu’elle voulait dessiner ; puis nous commençâmes à descendre le sentier à pente droite. Nérine était en tête, alerte et fougueuse ; elle s’asseyait parfois sur le roc uni et s’y laissait glisser comme un enfant en jetant un petit rire clair qui nous stimulait et nous poussait derrière elle. Nous arrivâmes ainsi rapidement à la base de la montagne, sans souci de nos robes et de nos chaussures déchirées, et toutes vivifiées par le grand bain d’air d’une journée magnifique.

Nous remontâmes à cheval ; et ce fut alors que notre guide nous répéta les questions que la petite marquise lui avait adressées. Nérine redevint soucieuse à l’idée que cette femme pourrait la soupçonner. Bientôt nous mîmes nos chevaux au galop ; l’air était froid dans la gorge sombre où s’engouffrait la route ;