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faite ? me dit-elle, je ne me souviens plus de rien ! Pourquoi suis-je là ?

Mais s’étant penchée vers moi, sa blessure lui arracha un cri et la mémoire lui revint : — Oh ! ma chère, reprit-elle, dans quelle région s’est donc perdue mon âme depuis cette chute ?

Le docteur arriva, il fit un premier pansement d’arnica, très-douloureux sur la blessure vive ; peu à peu le sang cessa de couler et les chairs se rejoignirent sous les compresses que je renouvelais de quart d’heure en quart d’heure. L’écolier s’était placé dans un coin de la chambre, pleurant en silence et fixant sur Nérine des yeux suppliants.

Elle lui disait en riant et avec sa bonté naturelle :

— C’est ma faute, j’aurais dû vous laisser faire et accepter votre aide, monsieur de Chaly.

Elle resta trois heures immobile, étendue ; puis le docteur, après avoir examiné la blessure, lui dit d’essayer de se lever. Elle le fit avec courage et joie, car, pouvant marcher jusqu’à un fauteuil, en s’appuyant sur nous, elle acquit la certitude qu’elle n’avait aucune lésion grave. Alors, intrépide, elle nous demanda de la reconduire à l’hôtel.

Nous lui fîmes descendre, le docteur et moi, le chemin en pente ; l’écolier nous suivait ; on se pressait sur notre passage ; chacun saluait Nérine et lui