Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 71 —

tendis un cri, je tournai la tête, et je vis Nérine qui avait été lancée à six pieds de distance sur le roc aigu : je me précipitai vers elle ; elle avait perdu connaissance, et le sang jaillissait d’une large blessure qu’elle s’était faite à l’aine. Sa pâleur était effrayante ; ses grands yeux, ouverts et inanimés, ne nous reconnaissaient pas ; un moment nous la crûmes morte.

L’écolier était touchant de désespoir : il s’arrachait les cheveux ; les larmes jaillissaient sur son pauvre visage ; il répétait éperdu :

— C’est moi qui l’ai tuée ! C’est moi qui l’ai tuée !

— Vite un médecin, m’écriai-je en lui secouant le bras, courez chercher le docteur Herbeau !

Il partit comme une flèche, heurtant sur son passage tout ce qui lui faisait obstacle.

Je fis transporter Nérine sur le lit d’une maison voisine ; elle était toujours évanouie, ses beaux cheveux dénoués pendaient autour de son cou ; ses bras et ses mains, que je pressais vainement, retombaient inertes le long de son corps. Je n’oublierai jamais son image : en ce moment, elle m’apparut comme dans la mort. Enfin, après une demi-heure d’angoisse, j’eus la joie de la voir tressaillir, me reconnaître et s’étonner d’être étendue sur ce lit, entourée de plusieurs personnes qui la secouraient.

— Quelle étrange promenade avons-nous donc