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plongée comme une blanche naïade sous les tiges parfumées qui la recouvraient ; leurs émanations bienfaisantes lui infiltraient le calme et détendaient son corps endolori.

Tout en m’occupant d’elle je m’approchais de temps en temps de la fenêtre ; il y avait dans la cour un mouvement inaccoutumé ; à ma grande surprise j’aperçus le marquis Sigismond et M. Routier debout dans la cage de verre où était assis devant son comptoir le bon père Taverne. Ces deux messieurs parlaient avec animation et semblaient interpeller l’hôtelier dont l’honnête et impassible visage s’empourprait de temps en temps ; on devinait qu’il résistait à quelque injonction impérative du marquis Sigismond qui parlementait avec la mine hautaine et le geste du commandement. Soit qu’il eût obtenu ce qu’il demandait ; soit qu’il fût découragé par la résistance du bonhomme, l’important personnage s’éloigna suivi de son humble confident.

Quand le docteur descendit de la chambre de Nérine, je le vis à son tour s’arrêter devant le bureau de l’hôtelier ; celui-ci semblait lui demander conseil : le docteur lui répondait avec vivacité, et, à ma grande surprise, lui, si froid et si digne, paraissait s’impatienter, et je l’entendis même qui s’écriait en s’éloignant :