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xiv
préface

d’œuvre de la littérature antique et moderne, je vis, relié avec luxe, sur un des rayons, mon pauvre roman vilipendé par la presse parisienne.

— Eh quoi ! dis-je au solitaire bienveillant, ce malheureux livre a trouvé grâce devant vous ?

— Ma chère enfant, répliqua-t-il, vous avez écrit là une œuvre d’une audacieuse vérité, que les esprits factices et malsains de l’époque ne vous pardonneront jamais. De là l’orage gonflé de venin qui a éclaté sur vous. La vertu tranquille n’a pas de ces emportements ; vous avez irrité tous les faux semblants dont se compose la morale du jour : les simulacres d’amour, les simulacres de talent, les simulacres de convictions politiques et religieuses. La parole rude et ferme d’un croyant, jetée dans cette mêlée de consciences incertaines, sera toujours traitée de séditieuse et d’impie ; mais il est encore, Dieu merci, quelques âmes honnêtes et recueillies qui ne confondent point les glapissements d’une morale de parade