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xv
préface

avec la voix immuable de la morale éternelle ; ces âmes vous absoudront comme je vous absous.

Ô la Bruyère, Montaigne, Molière, Diderot, Voltaire ! grands prêtres immortels du culte impérissable de la justice et de la vérité, et toi, Balzac, leur frère glorieux, toi, le hardi révélateur des lâches passions contemporaines qui dissimulent leur lèpre sous un masque puritain ! ô fiers et libres esprits, qui n’avez jamais accepté les timides compromis des écrivains enrégimentés ! je ne sais si mon orgueil m’abuse, mais il me semble que, si vous viviez, le jugement de ce pur solitaire serait ratifié par vous, et, qu’applaudissant à mon esprit impliable, inaccessible à la peur, vous diriez à ceux qui m’ont insultée : « Laissez chanter en paix cette âme qui croit encore au beau, à la liberté, à l’amour ! »

Louise Colet.

Août 1863