n’ont cessé d’en perpétuer l’écho jusqu’à nos jours. Si l’Italie vit encore et garde son nom dans le monde, elle ne le doit point à la nation, mais à quelques grands hommes qu’elle produit comme pour protester contre son néant. »
— L’art nous énerve en berçant notre orgueil d’une gloire apparente, s’écria amèrement un noble Vénitien, ami du comte Confalonieri. Notre histoire aussi et le rôle qu’a joué Rome dans l’antiquité nous montent au cerveau. C’est une ivresse décevante d’où sort l’inertie. Malheur aux peuples qui ne vivent que du souvenir de leur grandeur passée ! ils perdent bientôt la vie active des nations et se décomposent dans l’oubli. « Il vaudrait mieux, — c’est Byron qui l’a dit en pleurant sur Venise, — que le sang des hommes coulât par torrents que de rester stagnant dans nos veines tel qu’un fleuve emprisonné dans des canaux. Plutôt que de ressembler à un malade qui fait trois pas, chancelle et tombe, il vaudrait mieux reposer, avec les Grecs aujourd’hui libres, dans le glorieux tombeau des Thermopyles, ou du moins fuir sur l’Océan, être dignes de nos ancêtres et donner à l’Amérique un homme libre de plus. »
— C’est trop vite désespérer de notre avenir, s’écria un jeune carbonaro échappé à la proscription. J’ai tâté en secret le pouls à l’Italie, et je vous assure qu’elle vit. Elle n’est point semblable à la Grèce, que Byron compare à une faible jeune fille morte. Non, l’Italie se lèvera dans sa force comme une de ces belles guerrières