— Elle est fort belle, me dit le Vénitien, mais elle a des yeux terribles.
Résolu à m’étourdir et à oublier cette femme impliable, je demandai à l’aimable jeune homme quel déguisement il comptait mettre pour cette fête ?
— Stella m’a fait faire, répondit-il, un costume de noble vénitien du seizième siècle ; et vous, quel habit choisirez-vous ?
— Un habit de chevalier de Malte.
— Fort bien ; c’est d’un bon augure, car vous tiendrez le vœu que cet habit impose, répliqua le Vénitien en riant.
Nous sortîmes ensemble ; nous passâmes d’abord chez un costumier, puis nous nous rendîmes chez la prima donna où je résolus de passer la fin de la journée à me laisser bercer par la musique et par la mansuétude que répandait autour d’eux l’amour de ces deux êtres heureux.
À peine étions-nous arrivés, qu’une voix aiguë appelant Stella nous annonça la visite de Zéphira. Je n’eus que le temps de me cacher derrière un rideau de porte en tapisserie.
— Eh bien ! viendra-t-il au théâtre ? viendra-t-il à ma fête ? s’écria la danseuse du fond de la galerie.
— Oui, bellissima, répondit la prima donna, il l’a promis à l’amico.
— Tiendra-t-il parole, ce fier invisible ? répliqua Zéphira.