rent à l’obsession d’une nuit de délire : j’en secouai le souvenir comme celui d’un songe impossible.
Et moi aussi j’avais ma tâche à accomplir : le travail m’attendait ; Antonia me donnait l’exemple du courage et du renoncement ; pourquoi ne l’avais-je pas imitée ? Elle avait raison : la règle est salutaire ; la discipline est indispensable à l’homme, toujours ondoyant et divers, suivant l’expression de Montaigne.
Me sentant dans l’esprit une vigueur nouvelle, résolu de tout réparer et de reconquérir celle que j’aimais, je me hâtai de quitter la maison de mes amis ; je leur laissai quelques lignes au crayon, les priant de ne pas chercher à me revoir avant huit jours.
J’avais soif d’une réclusion absolue avec Antonia ; autant j’avais poursuivi l’agitation, autant je souhaitais maintenant le repos auprès d’elle.
Je rentrai furtivement. Quoiqu’il fît grand jour, Antonia dormait encore. Elle resta couchée beaucoup plus tard qu’à l’ordinaire. Moi, je ne tentai pas même de reposer. J’écrivis tout d’un trait l’acte le plus ému d’un de mes drames italiens. Je ne quittai la plume que lorsque je crus ouïr un léger bruit dans la chambre d’Antonia. Alors j’écoutai et j’attendis plein d’anxiété. Je compris qu’elle s’habillait. Je devinais ses gestes, ses mouvements, à travers la cloison ; enfin la porte de sa chambre, qui donnait sur le couloir, s’ouvrit, et je l’entendis donner quelques ordres à la servante. Je crus qu’elle allait entrer chez moi. Ses pas se rappro-