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Page:Colet - Lui, 1880.djvu/317

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m’a arrêté pour me parler de vous, pour me demander ce que vous faisiez et qui vous aimiez en ce moment ? J’ai bien compris à cette inquisition de l’amour que vous l’occupiez encore.

— Elle ne veut donc pas même me laisser vivre et respirer en paix l’air du soir ? Que vient-elle faire autour de ma maison ? Plutôt que de m’exposer à la rencontrer je me condamnerais à ne plus sortir.

— Voilà la preuve évidente que vous l’aimez encore, répondit Sainte-Rive, et, comme de son côté elle ne peut pas se passer de vous, vous finirez par vous réconcilier.

— Vous savez bien que c’est impossible, et d’ailleurs elle ne le désire pas plus que moi.

— Ce qui veut dire qu’elle y songe, mon cher Albert ! Pour qui donc a-t-elle chassé Tiberio ? Pour qui donc ferme-t-elle sa porte depuis huit jours au pianiste allemand, si ce n’est pour vous ? Pour vous dont elle veut obtenir paix et pardon.

— Je crois reconnaître là une de ses phrases, repartis-je, vous a-t-elle fait part de ses sentiments ?

— Eh ! parbleu, à moi comme à tous nos amis ; elle vous aime et ne veut plus aimer que vous.

— Je ne vous croyais pas si candide, mon cher Sainte-Rive, repris-je en affectant de sourire ; vous savez bien que, si elle a renvoyé Tiberio, c’est qu’à ce dîner chez Frémont elle s’est trouvée humiliée d’un pareil amant, et vous n’ignorez pas que si elle ferme