Page:Colet - Lui, 1880.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 308 —

— Oui, puisqu’elle me l’a dit elle-même et que je te l’ai raconté ; en quoi cela peut-il me permettre de manquer à l’honneur, et j’ajouterai de manquer à Antonia qui n’a que moi pour la défendre ? Après tout, elle vaut mieux que les autres femmes, car elle a été franche et grande dans son aveu et dévouée pour moi à l’égal d’une mère durant ma longue maladie à Venise.

— Oh ! oui, répliqua-t-il avec un accent étrange, cette maladie sera la page saillante de sa vie !

— Mais, que veux-tu dire, murmurai-je d’une voix étranglée, parle vite, finissons-en !

— Je dis que pendant que tu te mourais, elle se donnait en riant à Tiberio.

— Tu mens ! m’écriais-je, en faisant un geste de réprobation.

Il resta muet devant ma douleur ; il eut peur, m’a-t-il dit plus tard, de la décomposition rapide de mon visage.

À mon tour je l’interrogeai :

— Qu’en sais-tu ? qui te l’a dit ? Je ne te croirai que sur des preuves !

Il continua :

— Le pauvre Tiberio, confus de la reconnaissance que je lui exprimais pour les soins qu’il t’avait donnés, m’a tout avoué pendant notre promenade à travers Venise !

— Oh ! voilà donc pourquoi, balbutiai-je, tu étais si bouleversé en rentrant ce jour-là !… Je me souviens ! Je me souviens !