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Sur un autre il y avait :

« Je suis désespéré : me voilà en retenue pour huit jours ; pas de goûter à Neuilly possible. Maman n’a pu obtenir mon pardon de père ; hélas Son Altesse est inflexible. Encore si toi et les autres amis pouviez y aller sans moi ! »

Puis sur un autre :

« J’aurais bien envie de m’échapper : ma foi si je n’étais pas un aussi important personnage je tenterais l’aventure. Mais où irais-je ? il me vient une idée : veux-tu me recevoir chez ta mère ? nous nous amuserons sans sortir. »

Pendant que je lisais Albert murmurait :

— Quelle attrayante et quelle gracieuse nature il avait ! quelle fatalité que sa mort ! quelle dérision de toute belle espérance ! il a emporté dans sa tombe une partie de mon énergie et de ma volonté ; lui vivant je me serais cru tenu dans la vie à quelque chose de plus ferme et de plus glorieux. Peu de temps après sa mort sa pauvre femme qui savait notre amitié m’a envoyé son portrait que vous avez pu voir chez moi !

— Oh ! merci ! lui dis-je, de ranimer pour moi ces émotions touchantes. Voilà des billets qui valent bien des lettres d’amour !

— Oh ! répliqua-t-il, avec un accent de reproche, c’est vous qui venez de prononcer le mot flamboyant