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Page:Colet - Poésies complètes, 1844.djvu/110

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FLEURS DU MIDI.

» Non, de nouveaux plaisirs t’enivreront encore ;
» C’est toi qui m’as tuée, et tu me survivras !
» Jette ton âme impie à la fange du monde,
» Dieu recevra la mienne, et sera mon vengeur !… »
Elle dit, et soudain de l’abîme qui gronde
Elle fend, comme un trait, la sombre profondeur…
Le gouffre l’engloutit… Au retour de l’aurore,
Sur les bords du torrent elle apparut encore ;
Son beau cou sur son sein retombait à demi ;
Ses noirs cheveux flottaient autour de son visage ;
Et sur les nymphéas qui croissaient au rivage,
Les flots la balançaient comme un cygne endormi.

À cet ange tombé nul ne donne des larmes :
De louange et d’amour le monde l’entourait ;
Et celle dont hier on admirait les charmes
N’a pas même un regret !

Le mépris a payé les tourments de sa vie ;
Ses malheurs ici-bas ne seront pas vengés ;
Personne ne maudit celui qui l’a trahie,
Mais Dieu les a jugés !


Nîmes, décembre 1829.



LES BAUX.

SONNET.


J’aime les vieux manoirs, ruines féodales
Qui des rocs escarpés dominent les dédales ;
J’aime du haut des tours de leur sombre prison
À voir se dérouler un immense horizon ;