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Page:Colet - Poésies complètes, 1844.djvu/111

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LES BAUX.

J’aime, de leur chapelle en parcourant les dalles,
À lire les ci-gît couronnés de blason,
Et qui gardent encor la trace des sandales
Des pèlerins lointains venus en oraison.

Parmi ces noirs châteaux, gigantesques décombres
Dont les murs crénelés jettent au loin leurs ombres,
Aux champs de la Provence est le donjon des Baux ;

Là, chaque nuit encore, enlacés par les Fées,
Dans une salle d’arme aux gothiques trophées,
Dansent les chevaliers sortis de leurs tombeaux.


Aux ruines des Baux, en Provence, 1834.



SONNET.


Oui, les illusions dont toujours je me berce
En vain leurrent mon cœur d’un espoir décevant ;
Impassible et cruel le monde les disperse,
Ainsi que des brins d’herbe emportés par le vent.

Et moi, me rattachant à ma fortune adverse,
J’étouffe dans mon sein tout penser énervant ;
Malgré mon désespoir et les pleurs que je verse,
Je crois à l’avenir, et je marche en avant !

Pour soutenir ma foi, j’affronte le martyre
Des sarcasmes que jette une amère satire
À mon rêve d’amour le plus pur, le plus cher !