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PROMENADE EN HOLLANDE.

mère ; au-dessus de l’enfant, sur un fût de colonne, est perché un grand perroquet ; derrière ce groupe, un vieillard assis regarde avec convoitise la jeune femme.

C’est ensuite un Calvaire de Rubens, d’une tout autre manière que sa manière ordinaire : le Christ est seul expirant sur la croix ; sa pâleur et son angoisse ont une empreinte de résignation divine. Jérusalem se déploie à ses pieds.

un autre tableau de Rubens m’a profondément frappée : c’est la rencontre de Jésus ressuscité et de ses trois disciples. Jésus leur montre ses plaies saignantes. La beauté de la figure du Christ est complète ; elle participe de l’art grec par la pureté des lignes et de l’art chrétien par un rayonnement divin ; on voudrait regarder à jamais cette tête blonde, idéale et transfigurée.

Voici un paysage de Téniers, à la fois poétique et bourgeois, qui me plaît beaucoup : un élégant château est dans le lointain, une ferme sur le premier plan, des paysans attablés fument et boivent ; tous les détails du paysage et des figures sont rendus avec un fini et une ténuité à défier la loupe.

Je m’arrête longtemps devant un tableau de Davos, toile étroite et haute qui, je crois, n’a jamais été gravée, mais qui mérite d’être décrite : c’est l’Hérodiade, tête sinistre et superbe de courtisane, dont les bras nus sont d’un modelé de marbre