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PROMENADE EN HOLLANDE

quant, et inventait des toilettes plus attrayantes ; elle étudiait sans cesse l’art de se vêtir, de se coiffer et de se poser, et l’on aurait dit pourtant que la nature faisait seule les frais de ses plus savantes combinaisons.

L’institutrice lui avait donné en ce genre les leçons les plus consommées. C’était chaque jour une nouvelle et étrange coiffure qui la rendait plus belle. Cependant Van Dolfius et sa bizarre moitié continuaient leur vie de mineurs obstinés de la science.

Un jour, ils apprirent que deux caisses leur arrivaient de Batavia, l’une renfermant de précieux coquillages, l’autre de rares insectes. Ils firent atteler leur vieux carrosse, et tous deux allèrent à Amsterdam à la rencontre de ces merveilleux envois. Ils voulaient qu’un transport doux et tranquille les préservât de tout choc et de toute avarie. Avant de partir, ils fermèrent à double tour la porte du grand cabinet d’étude où étaient alignées les vitrines pleines d’insectes et de coquillages. Cette précaution éveilla la curiosité et la fantaisie de Sulpicia ; à peine la lourde voiture, qui datait du règne de Louis XIV, eut-elle fait quelques tours de roue, que la despotique enfant dit à son institutrice :

« Je veux voir ce qu’ils cachent dans cette vilaine chambre toujours fermée ; peut-être y trouverons-nous des bijoux et des dentelles anciennes que nous pourrons mettre ce soir. »