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PROMENADE EN HOLLANDE.

— Un cœur froid !… ajouta le père.

— Cette saison de Spa l’a rendue folle, murmura la mère : elle ne rêve plus que princes russes et refuse d’épouser son cousin, un riche et honnête Hollandais, qui serait un mari parfait. »

Un coup de sifflet annonça une station. Je dus descendre pour prendre le convoi de Namur. La jeune fille n’ouvrit pas les yeux. Sa mère me serra cordialement la main, comme à une ancienne connaissance.

Je me suis demandé quelquefois à quel dénoûment avait abouti ce début de roman saisi au vol d’un wagon.

Toute cette partie de la Belgique voisine des frontières françaises est superbe. Je regrette de ne voir qu’en courant cette riche campagne et ces jolies villes industrielles. La frontière est franchie, me voilà en France. La Meuse, qui m’apparaît étroite et encaissée, me rappelle la large Meuse qui traverse Rotterdam et qui porte des navires. « Les fleuves, a dit Pascal, sont de grands chemins qui mènent où on veut aller ! » Ah ! que la Meuse ne peut-elle me ramener au début de mon voyage ! On parle du mal du pays ! Moi j’ai le mal des lieux étrangers et de l’inconnu, qui m’attirent toujours !

Je salue en passant la tour de Compiègne où fut enfermée Jeanne d’Arc, cette grande figure de femme dont M. Proudhon n’ose pas parler.