de les accompagner chez leurs belles fiancées. Je fus frappé, en revoyant les jeunes filles, du changement qui s’était opéré subitement en elles. Elles étaient peut-être plus belles que la veille, mais d’une beauté pâlie et grave ; au lieu des toilettes riantes et coquettes qu’elles portaient les jours précédents, elles avaient des robes négligées d’une coupe austère.
Georges le leur fit observer en riant, et il ajouta en s’adressant à Rosée :
« C’est bien, chère amie, pendant notre absence il faut vous vêtir ainsi, et au retour vous reprendrez vos parures de fête, auxquelles nous ajouterons tout le luxe de l’Orient.
— Mais ce voyage est donc bien décidé ? s’écria Marguerite en se mordant les lèvres, et comme involontairement.
— Certainement, dit Van Hopper avec une dignité froide, et j’espère bien que vous vous montrerez aussi fermes que vos fiancés. Ils vous l’ont dit hier : c’est un devoir qu’ils vont accomplir. En chrétiennes, soyez résignées. »
Il s’établit alors une de ces conversations pénibles et tendues où les vrais sentiments de chacun étaient masqués parce que le monde appelle l’esprit de convenance, qui n’est bien souvent, hélas ! que l’hypocrisie de la nature. Georges et Guillaume dissimulaient la fantaisie sensuelle et impétueuse qui les