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Page:Colette - La Paix chez les bêtes, 1916.djvu/55

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à vos pieds. Un seul mouvement de votre bras m’arrache des cris étranglés. Si vous me tirez par mon collier, c’est une loque que vous traînez, une dépouille que la vie a quittée presque, la peau d’une chienne bull évanouie d’épouvante !

« — Poucette ! Mais qu’est-ce qu’elle a, cette bête ? Qu’est-ce qu’elle a ?…

« Et la voix d’une foule indignée — le cocher en maraude, le mitron flâneur, le plombier vêtu de bleu, l’écolier en capuchon pointu, la vieille dame aux gants de fil reprisés et la petite-femme-qui-aime-bien-les-bêtes, arrêtés, penchés sur moi — vous répond, sévère :

« — Ce qu’elle a ? Ce n’est pas malin à deviner, ce qu’elle a… Pauvre bête ! Si ce n’est pas malheureux d’avoir des chiens pour les tuer de coups ! En voilà une qui a la vie dure ! Il y a des gens qui n’ont pas de cœur !…

« Je suis vilaine, hein ? Vous m’en vou-