Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/19

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lement sous des emplâtres de toiles d’araignée et de poivre moulu, liés d’herbes rubanées…

— Demain, je vous enferme ! Tous, vous entendez, tous !

Demain… Demain l’aîné, glissant sur le toit d’ardoises où il installait un réservoir d’eau, se cassait la clavicule et demeurait muet, courtois, en demi-syncope, au pied du mur, attendant qu’on vînt l’y ramasser. Demain, le cadet recevait sans mot dire, en plein front, une échelle de six mètres, et rapportait avec modestie un œuf violacé entre les deux yeux…

— Où sont les enfants ?

Deux reposent. Les autres, jour par jour, vieillissent. S’il est un lieu où l’on attend après la vie, celle qui nous attendit tremble encore, à cause des deux vivants. Pour l’aînée de nous tous elle a du moins fini de regarder le noir de la vitre le soir : « Ah ! je sens que cette enfant n’est pas heureuse… Ah ! je sens qu’elle souffre… »

Pour l’aîné des garçons elle n’écoute plus, palpitante,