Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/49

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— Tout ça n’est pas bien grave, assurait mon père.

— Oh ! toi… Pourvu qu’on ne trouble pas ta cigarette d’après- déjeuner et ta partie de dominos… Tu ne songes même pas qu’à présent la petite couche en haut, et qu’un étage, la salle à manger, le corridor, le salon, la séparent de ma chambre. J’en ai assez de trembler tout le temps pour mes filles. Déjà l’aînée qui est partie avec ce monsieur…

— Comment, partie ?

— Oui, enfin, mariée. Mariée ou pas mariée, elle est tout de même partie avec un monsieur qu’elle connaît à peine.

Elle regardait mon père avec une suspicion tendre.

— Car, enfin, toi, qu’est-ce que tu es pour moi ? Tu n’es même pas mon parent…

Je me délectais, aux repas, de récits à mots couverts, de ce langage, employé par les parents, où le vocable hermétique remplace le terme vulgaire,