Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/78

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Neuf heures, l’été, un jardin que le soir agrandit, le repos avant le sommeil. Des pas pressés écrasent le gravier, entre la terrasse et la pompe, entre la pompe et la cuisine. Assise près de terre sur un petit « banc de pied » meurtrissant, j’appuie ma tête, comme tous les soirs, contre les genoux de ma mère, et je devine, les yeux fermés : « C’est le gros pas de Morin qui revient d’arroser les tomates… C’est le pas de Mélie qui va vider les épluchures… Un petit pas à talons : voilà Mme Bruneau qui vient causer avec maman… » Une jolie voix tombe de haut, sur moi :