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les jambes de devant. En faisant front à son ennemi, elle ne le laisse arriver sur elle qu’après une décharge vigoureuse de ses pieds de devant ; il est vrai que si elle a manqué son coup, elle est sans défense et tombe victime.

Le mouvement de des jambes antérieures lui est si naturel qu’il se laisse apercevoir chez notre Girafe, présentement fort disciplinée par la domesticité. Si on l’approche et qu’on l’irrite, elle soulève et écarte chaque pied de devant ; mais, par un effet de son extrême bonté ou de ses mœurs domestiques, elle réprime aussitôt et annule cette première susceptibilité.

Mais à quoi sert la Girafe, dit-on et répète-t-on fort souvent ? Comme les vues intentionnelles sont toujours restées dans le domaine des impénétrables desseins de la Providence, il vaut mieux, c’est du moins mon avis personnel, il vaut mieux demander dans quels rapports nos efforts de domination sur les êtres ont placé à notre égard la Girafe. Or, ce que l’on en sait, c’est que les peuples des parties centrales de l’Afrique disputent au Lion la Girafe, qu’ils trouvent à sa poursuite les mêmes avantages, à sa possession la même utilité, qu’ils la considèrent et la recherchent comme un excellent, et surtout comme un très-abondant gibier. Elle est pour les noirs Africains, ce que sont pour les Européens les bêtes fauves de nos forêts. On a dit des Cerfs qu’ils peuplent, embellissent, animent nos bocages, qu’ils servent aux délassemens et aux plaisirs des grands de la terre. Pourquoi n’en dirait-on pas tout autant de la Girafe ? Il y a parfaite analogie entre les uns et les autres, sauf