Page:Collectif - Célébrités contemporaines, Vol 2, 1883.djvu/239

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« faire passer la conviction dans les âmes », et dans son chapitre, Religion, il nie l’âme. Sur ce premier terrain, nous ne le suivons guère. Nous l’avons écrit ailleurs : « Nous sommes avec toutes les irréligions, même la spiritualiste, contre toutes les religions, même la matérialiste. » Et tout récemment encore : « N’ayant plus la foi, ce siècle n’a plus la quiétude, et, malgré tout, il n’a point encore la science. Entre celle-ci qui vient lentement et celle-là qui ne reviendra plus, il flotte. Il ne croit même plus qu’il croit, mais il sait bien qu’il ne sait point encore, que sans doute il ne saura jamais le fin mot de la création. » Quant à la propriété et la famille, sur la couverture du livre un trait d’union significatif les relie. Naquet a trop d’intelligence pour ne pas comprendre l’une, trop de cœur pour ne pas aimer l’autre. Il les veut transformer pour les éterniser. Il s’attaque à Proudhon, ce brutal, ce surfait, et nous lui crions : bravo ! Il s’en prend à Michelet, ce poète, ce génie, et nous lui crions : casse-cou !

Le succès d’un tel livre était chose illicite. Aussi valut-il à Naquet, en mars 1869, une condamnation à quatre mois de prison, cinq cents francs d’amende, et la privation des