Page:Collectif - Célébrités contemporaines, Vol 2, 1883.djvu/56

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viennes, pénétré dans les clubs, et tout en suivant le spectacle en curieux, il travaille ; il est bachelier et il fait des vers.

— Maintenant, lui demande un jour son père, te voilà au seuil de l’âge d’homme, qu’est-ce que tu veux faire ?

— Moi ? Je veux écrire !

Le père rêvait de le voir entrer dans l’Université ; mais l’École normale déplaisait à Sardou. Il hésita entre le droit et la médecine, choisit la médecine parce qu’il y avait là, au point de vue littéraire, plus à gagner, et pendant dix-huit mois il suivit, externe bénévole, le service de Lenoir à l’hôpital Necker. Mais la clinique ne suffisait pas à son activité : il avait écrit déjà sa première pièce, les Amis imaginaires, comédie moderne où l’on retrouverait une idée vague de Nos Intimes. Puis il abordait un sujet historique et exotique, une tragédie suédoise, la Reine Ulfra, où les vers étaient, par une innovation stupéfiante, proportionnés à l’importance sociale des personnages : la reine parlant en alexandrins, les ministres se contentant de vers de dix pieds et le menu peuple s’exprimant en petits vers coupés. Corneille et Shakespeare se trouvaient étrangement mêlés