Page:Collectif - Contre la paix injuste, paru dans L’Humanité, 22 juillet 1919.djvu/3

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Mais nous n’admettons pas que ce traité ose se prévaloir des idées de Droit et de Justice : comme le traité de 1871, comme tous les traités qui se sont succédé les uns aux autres depuis des siècles, il viole ces hautes conceptions, il en dispose comme il dispose des hommes et des territoires pour la satisfaction d’intérêts particuliers.

Élaboré dans le huis clos des salons officiels, à l’écart de l’opinion publique et au mépris des masses populaires, il aboutit à une antithèse brutale, quoique hypocrite, des quatorze vérités wilsoniennes qu’il aurait dû consacrer et édifier sur les décombres. Il faut que ce traité soit révisé. Nous ne croyons pas à son efficacité, à sa durée. Ce n’est pas un traité de paix. Les hommes de tout parti et de toute opinion reconnaissent qu’il provoquera un jour de nouvelles guerres dans ce vieux continent qui n’est plus capable d’en supporter. C’est faire besogne insensée que de substituer un bloc d’impérialismes à celui qui est momentanément écrasé, et de donner ainsi force de loi à des traditions monstrueuses qui ont jusqu’ici entretenu les plaies sanglantes du monde. Un des buts de la guerre était pourtant d’éliminer définitivement la barbarie de l’histoire ; on le disait du moins aux soldats pour les faire marcher.