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— LE LIVRE DES FEMMES. —

est peut-être plus nécessaire que l’esprit : c’est elle qui fait écouter avec indulgence, juger avec mesure.

Enfin il était rare que nous fussions jamais du même avis Roger et moi, et plus rare encore qu’Arthur fût du mien. Aussi peu à peu ses absences devinrent plus fréquentes, et chaque jour il parut se plaire moins avec moi ; comme je l’aimais avec une tendresse aussi profonde que passionnée, je ressentis une très-vive souffrance, quand il me fut impossible de me dissimuler la réalité de ce malheur.

En femme habile et qui devait connaître le cœur humain, j’aurais dû redoubler de grâce, de gaité pour lutter avec un homme qui n’eût pas été plus fin que moi si j’eusse eu ma raison ; mais un amour vrai, un amour violent, m’ôtait la force et la liberté de mon esprit. Au lieu de tout employer pour ramener Arthur, je passais mes nuits dans des larmes dont chaque