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— LA PREMIÈRE RIDE. —

jour il remarquait plus froidement la trace, et chaque jour il trouvait moins vite le mot qui les faisait cesser. Je devenais susceptible, querelleuse avec tout le monde, parce que j’étais mécontente de M. de Seignelay ; j’avais trop de vanité pour me plaindre de lui, mais je me répandais en thèses générales qui lui apprenaient qu’il était ingrat, et que mon cœur reprochait quelque chose au sien. Et puis rien ne s’arrangeait plus pour nous convenir mutuellement, rien de ce que je proposais n’était accepté avec cet empressement si aimable d’autrefois, qui donnait tant de prix à tout ; et je sentais qu’un pouvoir presque supérieur au mien sapait doucement et sans relâche le bonheur auquel j’avais si follement attaché ma vie : je le sentais, j’aurais dû le dissimuler sans doute ; mais je ne savais point me contraindre. Quand quelque chose me blessait, je marchais droit à l’explication sans me laisser