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— LA PREMIÈRE RIDE. —

d’Arthur ? J’étais sûr qu’il avait envoyé le matin savoir de mes nouvelles et qu’on lui aurait dit que j’étais à la campagne. Six lieues seulement nous séparaient, et il ne s’était pas empressé de les franchir, de venir savoir si quelque peine ou quelque malheur ne m’avait pas frappée ! et tandis que je versais des larmes si cruelles, il se livrait au plaisir, il m’oubliait, il ne me donnait peut-être pas un regret ! Tout dormait, moi seule je ne pouvais trouver un instant de calme. Vainement appelais-je à mon aide la vanité pour chasser la jalousie, la résignation pour la souffrir, une fièvre de désespoir agitait mon cœur ; ma tête était brûlante ; un étouffement douloureux oppressait ma poitrine ; je quittai mon lit qui me semblait insupportable, j’ouvris une fenêtre, j’appuyai mes lèvres desséchées sur le balcon de fer refroidi par la fraîcheur de la nuit. Le ciel brillait d’étoiles, et cette vue ne me calma pas ; je