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— LE LIVRE DES FEMMES. —

voulus prier, je ne trouvai que des plaintes et des murmures. Cependant ce profond silence, ce grand calme qui m’environnait, cette nature si puissante et pourtant si paisible, me tirent rougir de mes passions exaltées. Je me dis enfin que quelques années, quelques mois peut-être ne se passeraient pas sans que je fusse honteuse du peu de réalité de mes souffrances et de ce mot d’éternité que je plaçais à la suite de mes larmes. La résignation entra dans mon âme avec la prière, et j’allais me retirer moins agitée, lorsque le bruit du galop d’un cheval troubla le repos de la campagne.

Je ne respirai pas tant que j’eus de l’incertitude sur le chemin que prenait le cavalier. Mais quand, à la clarté de la lune, j’eus reconnu le cheval gris que montait habituellement M. de Seignelay ; quand je vis Arthur s’approcher de la grille, en ouvrir le secret, et se diriger vers le perron de la maison, la fierté qui