Page:Collectif - L’Inde et son âme.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pressés. Folle enfant ! Veut-elle donc accompagner son époux ! Il lui faudra pourtant rentrer chez elle tôt ou tard ! Mais, désireux d’apaiser par des dons cette douleur, Yama se tourne soudain vers elle, et lui dit :

— Demande-moi ce que tu voudras, sauf la vie de ton mari, et je te l'accorde. Puis rentre chez toi. Savitri, s’inclinant très bas, lui répond :

— Fais que mon beau-père recouvre la vue.

— Accordé ! dit le Monarque de la Mort. — Et maintenant, adieu ! Ce n’est pas ici ta place.

Mais les pas suivent toujours Yama. La forêt se fait plus épaisse et plus sombre ; rien n’arrête Savitri.

— Un autre souhait, enfant, te sera accordé. Mais pars !

— Rends à mon beau-père sa fortune et son royaume.

— Qu’il en soit ainsi ! dit Yama, lui tournant le dos, mais va-t'en !

Et toujours la femme fidèle suit son mari, et Yama lui-même est impuissant à la repousser. Et chaque fois, il lui accorde un nouveau don, et chaque fois, Savitri ajoute à la joie du foyer où elle n’a pas encore passé une année. Enfin la Mort s’en aperçoit :

— Savitri, ordonne-t-il, demande-moi pour toi une grâce, et, sauf la vie de ton mari, je t’accorde tout. Mais c’est mon dernier don ! Ensuite, je te bannis de ma présence.

— Fais donc que j’aie de nombreux fils, et que je voie leurs enfants heureux avant ma mort,

— Noble souhait ! Qu’il te soit accordé ! s’écrie Yama, satisfait que Savitri consente à le fuir.

Mais Savitri demeure devant lui.

— Eh bien, dit-il, qu’attend-tu ?