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LA LYRE



Heureux quand la beauté dont ils étaient épris
Voulait bien accueillir le bouquet à Chloris ;
Alors leur nom, vainqueur du temps et de l’orage,
Du flot rongeur des ans croyait braver l’outrage,
Et contre un madrigal en tous lient répété
Ils escomptaient vivans leur immortalité.
Du sein de cette foule inerte et ridicule
Sortirent cependant nos modernes Tibulle ;
Par le goût épuré, leurs chants voluptueux
Dépouillèrent l’amour d’un jargon fastueux.
Loin d’être recherché, leur chant ne fut que tendre,
Et du cœur échappé notre cœur put l’entendre…
Qui de nous, les suivant dans ces rians bosquets
Qui courbaient autour d’eux leurs feuillages discrets,
Heureux de leur bonheur, triste de leurs alarmes,
N’a senti dans ses yeux couler de douces larmes,
Sans pouvoir distinguer, palpitant de désir,
Si ces larmes étaient de peine ou de plaisir ?

Pourquoi, si gracieux, si tendres, si faciles,
Leurs accens charment-ils nos oreilles dociles ?
C’est que du temps qui fuit, accompagnant le cours,
Dans un siècle galant ils chantaient les amours,
Et qu’ils ont su trouver, loin des routes tracées,
Pour de nouveaux objets de nouvelles pensées.
Ainsi qu’eux an passé ehassant le souvenir,
Dans le sein du présent puisons notre avenir.