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NATIONALE.


Comme un torrent de lave, au travers de notre âge
Les révolutions ont marqué leur passage,
Et le siècle attristé demande en ses douleurs
D’énergiques accens et d’héroïques pleurs.
Chantons donc, mais non plus sur la lyre amollie
Que Tibulle accordait aux genoux de Délie ;
Bannissons de nos chants les amours trop usés
De ces dieux qu’aux Romains les Grecs ont imposés.
Non que je nie ici les grâces dont Homère
Sut jadis revêtir leur foule mensongère,
Mais ce char d’Apollon classiquement traîné
S’est déjà trois mille ans dans les cieux promené.
Jupin depuis ce temps à l’Olympe préside ;
Neptune règne en paix sur la plaine liquide ;
Et par-delà le Styx l’implacable Pluton
Livre les grands forfaits aux serpens d’Alecton.
Assez profondément ils ont marqué leur trace
Sur ce globe inconstant où tout change et s’efface.
11 est temps d’oublier leur Parnasse fictif ;
L’époque est sérieuse et veut du positif.
Détrônant des neuf Sœurs la famille éternelle,
Notre siècle a vu naître une muse nouvelle ;
Et debout au sommet du Pinde déserté,
Elle a dit : Chantez-moi, je suis la Liberté !

A cette même voix qui grondait sur la France,
Jadis un peuple entier, soupçonnant sa puissance,