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Page:Collectif - La Vérité sur le différend sino-japonais, 1915.pdf/15

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de vérité sur notre attitude[1][2][3] ; le Japon fit le reste par sa façon d’agir.

Le Japon, parallèlement à cette campagne, en menait une autre ; celle d’une possibilité d’intervention de son armée en Europe ; les Japonais eurent très facilement, cela se conçoit, les bons offices de la presse étrangère.

Particulièrement en France, deux noms, deux hommes d’État,

  1. La légation de Chine à Paris, par un communiqué à la presse du 19 mars 1915 et par une longue note au Matin du 22 mars 1915, démentit officiellement ces faux bruits absolument sans fondement.
  2. Une protestation des étudiants chinois à Paris, parue dans l’Humanité du 2 mars 1915, décide :
    « 1° De signaler le procédé indigne qui consisterait à faire passer la Chine comme un État voulant épouser la cause germanique, procédé récemment employé par quelques journaux.
    « 2° D’attirer l’attention publique sur le rôle qu’on veut faire jouer à la Chine pour mieux la perdre l’entraîner dans un conflit, qu’elle ne désire pas plus avec le Japon qu’avec toute autre nation. »
  3. Un de nos compatriotes avait de sa propre initiative envoyé la circulaire suivante aux principaux hommes politiques de France et de l’étranger (15 février 1915) :
    « Il est de mon devoir de patriote chinois et d’ami sincère de la Justice internationale de démentir, au nom de tous mes compatriotes, certains articles de journaux et dépêches, parus depuis quelques jours dans la presse européenne, qui ont une tendance à nous faire ressortir comme affiliés de l’Allemagne et comme essayant de soulever des incidents en Extrême-Asie.
    « C’est absolument faux !…
    « Les démêlés entre la Chine et le Japon remontent bien plus haut et sont universellement connus. Personne n’a oublié le conflit de 1894, les prétentions et les revendications sur le Foukien, la question des coolies chinois de Kagoshima, l’affaire du Tatsu-Maru, les boycottages anti-japonais, les événements du Kien-Tao, etc. etc., et même les conséquences de la guerre russo-japonaise, pour ne citer que les principaux dissentiments !
    « Notre Gouvernement est tout de même assez sage et assez diplomate pour ne pas se mettre à la remorque de la politique allemande, nuisible à nos intérêts. Nous n’avons nullement l’intention de nous suicider ! Notre République est encore trop jeune et trop belle pour cela !
    « Il faut donc deviner, sous « ce moyen diplomatique tendancieux », à nous faire passer pour épousant la cause germanique, un vieux truc pourtant désuet, mais qui ne pourrait que trop bien réussir, vu l’état actuel des choses, au détriment de notre pays auquel on cherche à ligoter les mains et sur lequel les convoitises sont mondialement connues.
    « Je ne veux pas discuter ici les réclamations arbitraires du Japon ! Mais je dénonce le rôle qu’on voudrait nous faire jouer pour mieux nous perdre ! Pourquoi vouloir nous entraîner dans un conflit que nous ne désirons pas ? Pourquoi faire courir le bruit non fondé que nous sommes influencés par l’Allemagne, afin de créer des difficultés et de soutenir son jeu ? C’est vraiment trop simple et trop facile ! Mais, malheureusement, c’est « un moyen » qui peut faire triompher la machination ! Aussi, nous n’hésitons pas à le démentir formellement et publiquement comme faux ! archi-faux !… Nous en avertissons le monde entier et tous nos amis auprès desquels on essaye de nous discréditer par ce venin indigne pour mieux réussir !
    « On parle également beaucoup de la possibilité d’une intervention des armées nipponnes sur le théâtre européen de la guerre ? et des « compensations » que serait en droit de demander le Japon par la suite ? Il y a là, pour nous autres Chinois, un gros point obscur ! On les a déjà discutées pas mal, un peu partout, avec beaucoup de réserve, de prudence et de sous-entendus ! mais pas encore assez suffisamment, à notre gré, pour nous rassurer complètement.
    « Nous ne voudrions pas, en effet, et nous osons l’espérer, que ces a compensations » désignassent la « Chine ! » Nous avons foi et confiance en la Dignité internationale.
    Puissions-nous donc nous tromper ! »