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Page:Collectif - La Vérité sur le différend sino-japonais, 1915.pdf/14

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cuer la « zone de guerre » et d’être assez courtois pour l’en avertir. Ce fut une explosion de colère au Japon ; la presse redoubla sa campagne, mais cette fois sur un ton des plus agressifs ; le peuple voulait l’intervention armée immédiate du Japon, l’occupation de Pékin et des Provinces Mandchouriennes. (Il serait trop long d’analyser ici les articles de la presse japonaise, mais il est aisé à quiconque de s’y reporter).

Pour masquer cette campagne de presse contre nous, Tokio télégraphiait en Europe : « M. Kato, Ministre des Affaires Étrangères, explique à la diète que les négociations entre le Japon et la Chine, relativement à Kiao-Tchéou ont été satisfaisantes. Le Japon a acquis la haute main sur l’administration de la voie ferrée de Kiao-Tchéou à Tsi-Nan. » (Tokio, 8 décembre. — Havas.)

Nous étions patients et nous voulions montrer toute notre bonne volonté, qui du reste ne s’est jamais départie un seul instant durant toute cette affaire. Ce ne fut qu’un mois plus tard, le 7 janvier 1915, voyant que le Japon ne prenait aucune mesure d’évacuation de la « zone de guerre » occupée en dehors du territoire à bail de Kiao-Tchéou, et sur les conseils de Nagao Ariga, l’éminent jurisconsulte japonais, conseiller juridico-politique du président de la République Chinoise Yuan-Che-Kaï ; que notre gouvernement fit savoir au Japon et à l’Angleterre qu’il levait la « zone de guerre ». La fureur japonaise augmenta, toujours bien entretenue par le parti impérialiste et militariste d’Okuma. Le Japon n’hésita plus. Le 18 janvier 1915, au lieu d’évacuer la « zone de guerre », il présentait directement au Président de la République Chinoise une liste de vingt et une demandes divisées en cinq groupes et auxquelles la Chine devait souscrire, faute de quoi l’armée nipponne était prête.

Des dépêches étaient envoyées en même temps de Tokio à l’étranger, prétendant que la Chine réclamait Kiao-Tchéou, alors que notre Gouvernement n’a jamais soulevé cette question. Toute la réclamation chinoise portait sur la « zone de guerre ». Notre Gouvernement savait très bien que le sort de Kiao-Tchéou ne pouvait être discuté et décidé qu’à la fin de la guerre Européenne. Mais le Japon cherchait une querelle, un motif d’intervention !

Le Japon se ménageait très adroitement l’opinion publique européenne, profitant de l’horrible guerre qui épouvante cette partie du monde. Il nous faisait passer comme soutenant la cause germanique, et soulevant des difficultés en Extrême-Orient contre le Japon ! que nous faisions le jeu de l’Allemagne et que nous étions l’instrument de Berlin ! Cet odieux chantage, répétons-le, faillit réussir ; une partie de la presse européenne, dont la bonne foi avait été très certainement surprise, s’empara de l’idée ! Il est heureux que nous ayons, dès à présent, la preuve indéniable des faits et des événements qui nous défendent et nous justifient amplement aux yeux du monde !

Mais n’empêche qu’à l’époque critique nous passâmes un très mauvais quart d’heure, et l’action armée du Japon contre nous n’aurait été que bien méritée ! Nous ne pouvions même pas nous défendre, puisque les journaux étrangers et la censure ne nous permettaient pas de protester ! Ce n’est qu’à force de démarches, de subterfuges que nous pûmes faire connaître un commencement