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RÉUNION DE LA CITÉ ET DE LA VILLE INFÉRIEURE, ETC.

triche. Nos archives communales possèdent, en effet, une lettre de l’empereur Sigismond du 24 mai 1434, par laquelle ce souverain :

« ratifie, renouvelle, autorise et approuve, de nouveau, concède et confirme aux citoyens, bourgeois et habitants de la ville de Lausanne, des villes et bourgs de la juridiction et de la terre de l’Église de Lausanne, les privilèges, chartes, droits, libertés, grâces, immunités et concessions à eux accordés par les empereurs et rois nos prédécesseurs, voulant qu’elles aient perpétuelle force et vigueur et qu’ils en jouissent paisiblement. Il approuve de même, d’autorité impériale, toutes leurs libertés, franchises, coutumes et usances, tant celles contenues dans leur Plaît général, dans lequel il se trouve compris quelques droits municipaux dès longtemps approuvés et observés, que autres écrits et non écrits qui ont été honorablement introduits[1]. »

Le 6 février 1469, l’empereur Frédéric III confirma les lettres patentes de l’empereur Sigismond et du comte Amédée VI de Savoie. Ces dernières assujettissaient au comte de Savoie les appellations qui, en dernier ressort, doivent se porter au tribunal de l’empereur et non ailleurs ; elles sont du 2 juillet 1356.

L’empereur confirma les foires concédées à la ville de Lausanne par l’évêque Georges de Saluces ; il commit l’archevêque de Besançon et le duc de Savoie pour « conservateurs » des privilèges desdits de Lausanne. Salvo tamen jure imperii et Ecclesiæ Lausannæ. Enfin, « il prend les dits de Lausanne et terre de dite « église de Lausanne » sous sa protection impériale, mandant à tous de les maintenir dans leurs droits et privilèges, avec défense de les y troubler, sous peine de son indignation et de celle de l’empire, et enfin sous peine de cent marcs d’or pour chaque contravention. »

S’appuyant sur ces diplômes, les bourgeois de Lausanne réclament le titre et les privilèges des villes impériales. Dès 1483, pour affirmer leurs droits, ils nomment un hérault portant les armes de la ville, surmontées de l’aigle impériale à deux têtes avec l’écusson des Habsbourg[2]. En 1494, l’assemblée des bourgeois est remplacée par un Rière conseil élu par les bannières, composé primitivement de soixante membres, plus tard de quatre-vingt-dix-sept et enfin de deux cents. Faisant encore un pas de plus, les Lausannois concluent, en 1525, des alliances avec les villes de Berne et de Fribourg et remplacent, en 1529, les deux prieurs par un bourgmestre, à l’instar des villes de la Suisse allemande. Pour commémorer l’alliance, plus fragile que le verre, qu’elles venaient de conclure, les

  1. L’original de la lettre de Sigismond, en latin, se trouve dans les archives communales ; mais il est en assez mauvais état. Une copie vidimée en a été donnée par le concile de Bâle et se trouve également aux mêmes archives. L’extrait en français que nous en donnons ainsi que la citation de la lettre de l’empereur Frédéric III (qui est aussi aux dites archives) ont été relevés sur un répertoire des titres et documents dit du Corps de ville établi en 1743, par un Français, le sieur De Thurey.
  2. Les héraldistes discutent si les émaux des armes de Lausanne sont de gueules au chef d’argent ou coupé d’argent et de gueules. MM. Charles Bugnion et André Kohler soutiennent la première opinion ; la seconde est défendue par M. le professeur Lehr. Les sceaux de la ville, à l’exception du Sigillum Majus (1525) et d’un sceau du dix-neuvième siècle, présentent le chef. Une partie des vitraux de la salle de la Municipalité donneraient, au contraire, raison à M. Lehr. La carte du canton de Berne (1548) porte l’écu avec le chef. — Nous nous garderons de trancher le litige ; nous nous bornerons à constater, avec M. Jean Grellet, président de la Société suisse d’héraldique, que le chef est antérieur au coupé. Nous ajouterons qu’en fait l’usage du chef l’emporte sur celui du coupé.

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