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MŒURS LAUSANNOISES SOUS LES ÉVÊQUES

ou fabricants de manuscrits et enlumineurs, des marchands d’objets pieux. Plus loin les merciers, qui formaient une confrérie (corporation) importante, vouée à saint Jacques, et qui embrassait les commerces de drap et de cuir. Un acte de 1337 montre qu’on faisait en particulier un trafic étendu de draps coloriés de France. Les bouchers, les serruriers avaient aussi leurs confréries, toutes au vocable d’un saint ; celle des serruriers était vouée à saint Éloi. La
Escaliers du Marché, partie inférieure.
rue de Bourg avait le monopole des auberges. Un testament de 1385 signale la corporation des journaliers. Ces associations étaient au fond semblables aux abbayes de métiers de Berne et de Bâle. Si elles n’ont pas survécu, comme celles-ci, c’est que les baillis de Lausanne tenaient peu au maintien de corporations plus ou moins autonomes et les ont laissé s’éteindre.

À côté de ces associations de métiers, il y avait les associations pieuses. Chaque paroisse avait sa société de charité ou confrérie du Saint-Esprit. La confrérie de Notre-Dame, fondée dans un but exclusivement religieux, s’étendait à toute la ville. D’autres avaient un but militaire. Les membres de la confrérie des arbalétriers devaient s’exercer à l’arbalète au moins une fois par mois. Si l’un d’eux se trouvait en danger à moins de cinq lieues de Lausanne, ses confrères devaient aller le chercher à leurs frais, en uniforme, avec arbalète et carquois garni de douze carreaux. La confrérie élisait ses prieurs ou présidents, qui réglaient les conflits surgissant entre sociétaires. Chaque année, le jour de l’Assomption, les arbalétriers, ouverts d’une cotte et d’un capuchon de couleur, suivaient en procession leurs prieurs et allaient porter à la Cathédrale une grande torche de cire. Au décès de chaque confrère ou de sa femme, les arbalétriers devaient assister à la cérémonie funèbre, une chandelle de cire à la main, et verser un denier pour la messe de requiem[1].

Les chanoines étaient une gent batailleuse ; ils se recrutaient généralement

  1. Ces renseignements, qui nous ont été fournis par M. Reymond, proviennent des recherches faites dans les archives cantonales sur les corps de métiers.

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