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MŒURS LAUSANNOISES SOUS LES ÉVÊQUES

et soignés par des infirmiers, que l’on appelait « marrons » ou aussi « corbeaux. » Ceux-ci étaient des hommes qui avaient été atteints de la peste, puis guéris, et que l’on considérait comme étant à l’abri de la contagion. On leur faisait prêter serment à leur entrée en fonctions ; ils devaient être gens de bien et savoir lire pour pouvoir faire la lecture des prières aux malades.

En 1494, le Conseil décréta la construction d’un hôpital pour les pestiférés, au lieu dit au Praz du Marchier, sur le territoire
Entrée de la rue du Pré.
de Saint-Laurent. Le bâtiment, élevé en partie au moyen de quêtes, fut inauguré l’année suivante et dédié aux saints Roch, Sébastien et Antoine. C’était une infirmerie plus que modeste, comprenant 4 chambres et 5 bois de lit[1].

Il y avait aussi à l’usage des lépreux, des établissements spéciaux. Le plus ancien avait été créé au treizième siècle dans le domaine actuel du Désert. En 1300, cette maladière contenait 14 lépreux. Il y avait, à la même époque, des recluses à la Vuachère et à Vidy, avec des chapelles dédiées à saint Nicolas et à saint Lazare. En 1461, une nouvelle léproserie fut construite à Vidy ; celle du Désert fut abandonnée. En 1630, il y avait encore deux lépreux à Vidy[2].

Si les Conseils de Lausanne et le clergé s’étaient efforcés de conjurer les dangers de la peste et de la lèpre, ils s’étaient aussi préoccupés de créer des moyens d’instruction. Les comptes de la ville nous apprennent qu’il y avait à Lausanne, dès 1381, des écoles. Les régents étaient nommés par le Conseil de la ville basse ; il recevait un petit subside de la bourse communale. L’écolage fut fixé, en 1467, à 8 sols par an pour les plus jeunes écoliers et à 12 sols pour les plus âgés. Les instituteurs sont qualifiés tantôt de recteurs, de maîtres, ou même de maîtres ès arts, tantôt de régents. Ces écoles se trouvaient à la place de la Palud et à la rue de Saint-Jean.

De son côté, l’évêque Guillaume de Challant fonda, en 1419, un institut dit « des Innocents, » où étaient élevés des jeunes garçons, au nombre de six, qui devaient être de naissance légitime, âgés d’au moins huit ans, bien conformés, d’une figure agréable et avoir des dispositions pour le chant. Cet établissement avait sans doute pour but de former des jeunes gens en vue du sacerdoce. Le Chapitre entretenait aussi des écoles, qui paraissent avoir pris fin avec l’établissement de la Réforme, et avoir été remplacées par le Collège, que fondèrent LL. EE.

  1. Les restes de la chapelle de Saint-Roch furent démolis en 1820.
  2. Voir Extraits des manuaux du Conseil de Lausanne 1383 à 1511, annotés par Ernest Chavannes.