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RÉVOLUTION DU 24 JANVIER 1798

non d’une Suisse profondément déchue comme l’était celle du dix-septième et du dix-huitième siècle.

Le général français Ménard commandait une division de l’armée d’Italie, qui, après avoir traversé la Savoie, occupait le pays de Gex. Le 22 janvier, une délégation du Comité des villes s’adresse à lui pour s’assurer éventuellement de son appui. En réponse à cette demande, Ménard lance, de Fernex, une proclamation annonçant qu’il a reçu du Directoire l’ordre d’employer tous les moyens en son pouvoir pour assurer au peuple vaudois la liberté et l’entier exercice de ses droits.

Cette proclamation, apportée par Georges Rouge et Hédelhoffer, arriva à Lausanne dans la soirée du 23 janvier ; la même nuit, le Comité de réunion, qui siégeait en permanence au Cercle des Jeunes négociants, place de la Palud no 21, reçut, de Paris, un grand nombre d’exemplaires d’un volume intitulé : Instructions pour l’assemblée représentative lémanique, signé : F.-C. de la Harpe et Perdonnet. Le 24 janvier, au matin, quand le jour parut, on vit flotter, à l’une des fenêtres du cercle, un drapeau vert portant ces mots brodés en blanc : République lémanique, liberté, égalité. Des cris de : « Vive la République lémanique ! » se font entendre dans les rues ; des arbres de liberté s’élèvent sur les places publiques ; on s’accoste en s’appelant citoyen ! On se donne l’accolade, on se félicite.

Dans la matinée, les délégués de presque toutes les villes et d’un grand nombre de communes se réunissent, et « considérant la nature et l’urgence des circonstances, décident, à l’unanimité, » qu’ils doivent nécessairement se constituer en Représentation provisoire du pays de Vaud, dont ils proclament l’indépendance.

Les armoiries de Berne sont enlevées des édifices publics, comme l’avait été, en 1536, l’écusson de l’évêque Sébastien de Montfalcon. Les milices se réunissent sur Montbenon, acclament le citoyen de Bons comme commandant, et nomment leurs officiers. Le soir, cortège en ville avec musique et flambeaux. Le bailli d’Erlach fait ses préparatifs de départ ; toute à la joie d’être libre, la population ne songe point à l’inquiéter, et lui prodigue même des marques de considération. La journée du 24 se passa sans qu’aucun affront eût été infligé aux représentants et aux amis du régime déchu.

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