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LAUSANNE À TRAVERS LES ÂGES

venir aux frais des études qu’il s’agissait d’entreprendre, et dont fut chargé l’ingénieur W. Fraisse. Un premier rapport fut publié par ce comité en 1844. Il provoqua une proposition émanant de capitalistes anglais, qui demandaient une concession pour la construction d’un chemin de fer de Constance à Genève passant par Zurich, Zoug, Lucerne, Berne, Fribourg et Lausanne. Deux ans plus tard, en 1846, le comité lausannois, dont le Dr  Verdeil avait pris la présidence, publiait un nouveau mémoire sur la question générale des chemins de fer dans le canton de Vaud.

Mais la Suisse passait alors par une crise politique qui n’était pas favorable à la création d’un réseau de chemins de fer. Sous le régime du pacte de 1815, chaque canton étant maître d’accorder ou de refuser des concessions sur son territoire ; l’opposition de l’un des États confédérés pouvait faire obstacle à l’établissement d’un réseau, si celui-ci empruntait le territoire de plus d’un canton. Les seuls chemins de fer construits en Suisse avant l’adoption de la constitution fédérale, sont celui de Bâle à Saint-Louis, inauguré le 15 juin 1844, qui mit en communication Bâle avec Strasbourg, et celui de Zurich à Baden, dont la concession fut accordée en 1845, et qui fut livré à l’exploitation en 1847.

Une fois la Suisse reconstituée, une des premières préoccupations de l’assemblée fédérale fut de doter la Confédération d’un réseau rationnel. Dès l’automne 1848 une étude technique de la question fut demandée à deux spécialistes anglais, Robert Stephenson, le célèbre ingénieur, (fils de Georges Stephenson, l’inventeur de la locomotive), et Henri Swinburn, ainsi qu’une étude financière au conseiller d’État Geigy de Bâle et à Ziegler de Winterthour. Les résultats de leurs études conduisirent le Conseil fédéral à présenter aux chambres une loi sur l’expropriation, qui fut adoptée par elles le 1er  mai 1850. L’idée de faire construire les chemins de fer par la Confédération fut étudiée, mais écartée en 1852. Chaque canton demeura libre d’accorder des concessions sur son propre territoire. Le tracé préconisé par Stephenson et Swinburn partait de Genève, passait par Morges, Yverdon, Estavayer, Morat, Lyss, et longeait l’Aar pour se diriger sur Constance ; il laissait de côté Lausanne, Fribourg et Berne.

En 1852, un ingénieur thurgovien, Sulzberger, mettant à profit les études du comité lausannois, que présidait l’historien Verdeil, offrit au Grand Conseil vaudois de se charger de l’exécution du chemin de fer de Morges et Lausanne à Yverdon. Une concession lui fut accordée par décret du 8 juin 1852. La concession fut transférée à un groupe de financiers anglais, qui avec le concours des maisons de banque de Genève et de Lausanne fondèrent la compagnie de l’Ouest suisse[1]. Ce premier tronçon fut inauguré, pour la partie de Bussigny à Yverdon :

    tion du réseau des chemins de fer vaudois, son fils aîné Auguste Perdonnet, l’un des premiers directeurs de l’école centrale de Paris, s’occupait de la création du réseau des chemins de fer français. C’est à lui, à ce qu’on raconte, que M. Thiers aurait dit cette parole mémorable : « Je crois bien que, techniquement, vos chemins de fer marcheront, mais financièrement ils ne feront pas leurs frais. »

  1. Cette société fusionna avec la compagnie de Lausanne-Fribourg-Berne et avec la compagnie franco-suisse en 1872, sous le nom de compagnie de la Suisse occidentale, et cette dernière avec celle du Jura-Berne-Lucerne sous le nom de Jura-Simplon en 1890. Le Jura-Simplon a été racheté par la Confédération en 1903 et liquidé à fin 1905.