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PERCEMENT DU SIMPLON

vaudois, d’Henri Warnéry, données au théâtre de Lausanne, par des amateurs lausannois, aux mois d’avril et de mai 1903, ont permis d’apprécier comme il le méritait le talent de ce poète fin et délicat, trop tôt enlevé à son pays et à ses amis. Ce spectacle a fait passer sous les yeux d’un nombreux public (14 000 spectateurs en dix-huit représentations) les diverses étapes de la révolution vaudoise. Les inoubliables journées du Festival vaudois ont été l’occasion de commémorer les bienfaits dont notre patrie a été comblée, de constater les progrès accomplis de 1803 à 1903. Des représentations populaires, où plus de 20 000 personnes se pressaient sur la place de Beaulieu, ont mis en valeur les mérites du compositeur vaudois Jaques-Dalcroze. L’ordre, la dignité et la gaîté qui ont régné pendant toute la durée de la fête ont fait honneur aux comités qui l’ont organisée et aux populations accourues pour contempler ce spectacle[1].


XVII

Construction du chemin de fer de Jougne-Saint-Maurice (1853-1905). Percement du Simplon.

Ainsi qu’il a été dit au début de cet aperçu historique, l’antique Lousonna devait son origine au fait que, dans les plaines de Vidy, se croisaient deux voies romaines importantes, dont l’une reliait le midi de la Gaule avec le cœur de la Germanie et l’autre la Gaule cisalpine avec le centre des Gaules[2]. Ce carrefour, créé par la nature, devait être aussi le principe générateur du réseau des chemins de fer romands.

Lorsque l’invention de la vapeur vint transformer les conditions du commerce, cette position exceptionnelle de Lausanne devait être pour elle le point de départ d’un développement nouveau : la création des chemins de fer a fait plus que tripler la population de Lausanne. On pourra remarquer, sur un graphique que nous publions plus loin, que l’ouverture de chaque ligne, a marqué un accroissement dans le nombre de ses habitants, en sorte que l’ancienne bourgeoisie se trouve noyée par les afflux venus du dehors.

C’est en 1837 que l’idée d’un chemin de fer reliant le lac Léman à celui de Neuchâtel fut émise pour la première fois, en opposition au canal d’Entreroches, commencé au dix-septième siècle, puis abandonné, et que M. de Molin-Huber en 1825 et M. Perdonnet en 1837 avaient songé à parachever. Une association fut fondée en 1838 à Lausanne, sous la présidence de Vincent Perdonnet[3], pour sub-

  1. Le Grand Conseil avait alloué un subside de 50 000 francs et la ville de Lausanne un subside de 20 000 francs pour cette fête ; le comité d’organisation a réussi à limiter les dépenses aux crédits qui lui avaient été accordés.
  2. La voie romaine, venant des Gaules, passait très probablement de Pontarlier sur Sainte-Croix. Au moyen âge, la grande route de France en Italie passait de Pontarlier sur Jougne, les Clées, La Sarraz, Lausanne, Martigny et le Saint-Bernard.
  3. Vincent Perdonnet, qui se fit une brillante position comme agent de change à Paris, était un ami de Frédéric-César de la Harpe ; il avait été mêlé, ainsi que son père Jean-Denis-Alexandre Perdonnet, à la révolution de 1798. Quand il revint au pays, il se fixa à Mon Repos et fit partie du Grand Conseil. Tandis qu’il s’occupait de la créa-